Marche Sensible OPUS 2 - Le RER Métropolitain

 

Jeudi 10 novembre 2022, à l'heure de pointe, au départ de la gare de Grenoble

Le Réseau Express Régional, poumon métropolitain ?...

Marqués par l'intuition que celui-ci apparaissait comme un poumon en capacité d'irriguer la métropole de son flux ferroviaire, les agitateurs d'idées de Grenoble Alpes Métropole se sont attelés à explorer le RER métropolitain quelques jours à peine avant que celui-ci ne s'invite à l'agenda politique... Alain Faure et Soizic Loquet Nael , les initiateurs de cette Marche Sensible, font le récit de cette exploration pleine d'enseignements sur les enjeux d'un Réseau Express Grenoblois.

 

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Notre illustratrice a croqué la marche sensible du 10 novembre en 4 planches qui racontent bien cette expédition collective dans deux trains et trois gares métropolitaines. Le Podcast qui accompagne l’équipée donne le son : D’abord le brouhaha de la gare grenobloise, où s’entremêlent agitation de l’heure de pointe et résonance d’un piano sous les doigts de virtuoses de passage. Suivi du no man’s land silencieux, presque inquiétant de St Egrève St Robert. Puis vient l’ambiance bucolique de la gare de Jarrie, où descendent en masse les travailleurs de la ville centre. Pour enfin s’immerger dans l’ambiance de fin du jour du quartier d’Europole, le temps d’un débriefing agité autour d’un verre.

Cette traversée ferroviaire du nord au sud de la région urbaine permet de s'imprégner de sensations et d’étonnements sur les innombrables défis qui sous-tendent le projet d’un réseau express ferroviaire rayonnant en étoile autour de Grenoble. Voici en guise de mise en bouche 4 mots clefs pour engager les débats: Millefeuille, Passerelle, Vélo et Cœur.

Quand valider son billet relève du millefeuille institutionnel

La première impression forte se situe au point de départ du voyage : si en théorie il suffit d’un simple ticket SEMITAG pour aller de St Egrève à Voreppe en une poignée de minutes, notre brève immersion nous montre rapidement une voie moins limpide, où se concurrencent tickets SEMITAG, SNCF et TransIsère.

C'est donc par un compostage complexe que débutera cette exploration ferroviaire qui révèle un millefeuille institutionnel dense composé du  SMMAG, du Département, de la Région, et de la SNCF, doté d'un univers foisonnant d’agents aux uniformes diverses. Nous croisons d’abord des agents de sécurité armés de la SNCF présents selon leurs mots « comme à la RATP », sur les créneaux horaires denses de 16h à 21h... Une discussion s'improvise dans le tunnel  avec des contrôleurs, techniquement en incapacité de valider nos billets SEMITAG, du fait de l'absence d'un lecteur adéquat... La carrosserie du train qui nous conduit jusqu’à Saint-Égrève est recouverte de slogans aux couleurs d'une Région AURA qui « nous transporte » , comme nous le rappellent les haut-parleurs embarqués dans le wagon soufflant que "la Région nous protège de ses caméra-vidéo".

Une certaine confusion territoriale s'installe. Le mille-feuille territorial s'offre à nous jusqu'à nos gares de destination, bien différentes l'une de l'autre : si la première semble comme abandonnée, au milieu d’une friche, fermée et bardée de quatre distributeurs-composteurs un peu énigmatiques, la seconde, éclairée et animée d'un guichet et de consignes graphiques bigarrées, laisse entrevoir une véritable vie de village.

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L’épreuve de la passerelle

La deuxième sensation forte s’imprime précisément en découvrant cette étonnante gare aux allures désertées de « St Egrève St Robert ». Très vite, la passerelle permettant d'enjamber les voies pour sortir de la gare s’impose comme une épreuve. Comment gravir et redescendre les 30 marches d’une immense passerelle extérieure avec vélos, poussettes, fauteuils roulants ou difficulté de mobilité… ?  « Passez votre chemin ! » semble nous dire cet énorme obstacle qu’il nous fait pourtant affronter vélo en main.

 

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Ici, plus de caméras de surveillance, mais le sentiment d’être abandonné par l’institution publique, et pas moins de cinq alternatives pour poursuivre la route : un parking (surtout investi par les boulistes), des cages à vélos (aux grillages découpés), des vélos (de location) juchés sur les trottoirs, un arrêt de bus (imposant), l’amorce de pistes cyclables, et même, à quelques centaines de mètres, un arrêt de tram. Si cette diversité de l’offre suggère une intermodalité foisonnante, les usages n’en semblent pourtant pas moins saturés d’embûches et de défis à relever tant en termes de correspondances que de modalités d’utilisation…

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Le défi du vélo dans le train

La troisième impression forte nous accompagnera du début à la fin du périple : il apparait rapidement que les vélos n’ont pas encore leur place dans les trains, mettant en miroir deux pratiques d’usages aux allures irréconciliables. Voies d’accès, rampes, signalétique, quais, escaliers, accrochage dans les wagons… Tout semble relever du défi pour les cyclistes confrontés aux remontrances des autres voyageurs. Les témoignages recueillis nous orientent sur les nombreuses tensions et incompréhensions générées par l'embarcation de vélo, car non encore pensée d'une manière partico pratique, tant en terme de place que de multimodalité.

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Un coeur à irriguer

La quatrième empreinte est une impression d’ensemble sur le concept même de « RER métropolitain ». Dans le contexte français du RER, on pense aux milliers de Parisiens qui empruntent les transports ferroviaires au quotidien. En imagerie médicale, cela donne un poumon, des ventricules, des vaisseaux, des capillaires, des artères et une fluidité extraordinaire... Circulant au ralenti, les vaisseaux ferroviaires urbains de la métropole nous apparaissent ici dans leurs risques de phlébite et d’AVC sans intervention médicale ou chirurgicale rapide... au risque de décourager avant l'heure des usagers impatients et volontaristes. Tout ou presque reste à inventer et à construire pour faire advenir un « réseau express régional » en capacité  d'irriguer la grande région dans ses polarités, que ce soit au sud (Echirolles, Varces, Vif, Vizille) , à l’est (Gières, Domène, Brignoud) ou  au nord (St Egrève, Voreppe, Voiron).

La mise en cohérence du millefeuille institutionnel, des passerelles accueillantes, des vélos bienvenus, un cœur battant qui relient les villes de l’aire métropolitain, des gares qui deviennent des lieux de vie métropolitains... Voilà les grandes promesses du projet RER pour irriguer les territoires et faire respirer la métropole de demain. Si ces promesses peuvent sembler, en première lecture, inaccessibles, les agités du conseil de développement souhaitent les mettre en perspective, en récit et pourquoi pas en controverses.

Le défi est lancé !

 

à votre tour de plonger dans cette exploration ferroviaire,
par l'intermédiaire de ce podcast,
réalisé par Célia Romand Bugni, créatrice du Podcast 6h06
 

(à écouter dans le train ...par exemple !)

 

 

 

Les croquis de la Marche Sensible RER Métropolitan, ont été réalisés par Alice Raconte

Les Agitateurs d'Idées du conseil de développement remercient de leur présence

Vincent, qui travaille sur l'évaluation des mobilités dans l'agglomération grenobloise

et Aurélie, étudiante en Master dont le projet d'étude porte

sur les gares de la grande région urbaine grenobloise.