Vers un Réseau Express Rêvé des mobilités de demain ?

 

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Cette page a pour but de rendre compte des réflexions en cours

pour penser un projet de Réseau Express Rêvé, résolument agile, altruiste, alternatif et alpin.

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 Point d'étape #8 - Septembre 2024

 

HERMÈS 
Gardien des routes et des carrefours, des voyageurs, des bergers et des commerçants,
mais aussi dieu des voleurs et des orateurs « qui conduit les âmes aux Enfers » (Source : Wikipédia)

 

Ça y est, notre groupe des 4 C2D qui planche sur le « réseau express rêvés des mobilités du futur » a peut-être trouvé un titre pour la BD qui sera publiée début 2025 : Les 7 travaux d’Hermès du GRENOBLE ALPES EXPRESS. Et on tient le pitch de l’histoire (dans ses grandes lignes) :

Mercredi 12 brumaire, an 2022. Conseil des ministres. Un seul dossier à l’ordre du jour : l’asphyxie des métropoles, les bouchons du matin au soir, les nuages de pollution, le post carbone. Et un coup de théâtre à l’ouverture de la séance : Jupiter annonce à ses ministres ébahis qu’il faut créer sans attendre 10 RER métropolitains.

Quelques heures plus tard, en découvrant l’info à la radio alors qu’il finit sa séance d’abdos, Hermès fait la grimace. Le dieu protecteur des voyageurs connaît la musique des grandes promesses. Une hirondelle ne fait pas le printemps. Dans sa grande sagesse, il sait trop bien que les décisions verticales sont vaines sans la parole et l’expérience citoyennes.

Une carte de France traîne sur sa table de chevet. Par hasard, elle est ouverte sur les replis du Y de la grande région grenobloise. Sans trop réfléchir, Hermès décide alors de tirer au sort une demi-douzaine d’individus lambda qui vivent sur ce territoire, et les convoque dans la foulée.

Deux jours plus tard, devant les 6 quidams impressionnés, Hermès s’exclame : « à vous d’imaginer un réseau des mobilités douces sur ce vaste territoire ! » Et il explique qu'il faudra en priorité relever 7 défis : une billettique unique, des gares magnifiques, des voyageurs en mode VIP, des sauts de puces à toute heure, des marchandises affrétées, mille solidarités et un passeport douceur pour tous les visiteurs.

Les 7 travaux d’Hermès… La feuille de rail du GRENOBLE ALPES EXPRESS est ainsi lancée, au pas de course et sans boussole.

Mission insensée. Mission impossible ?!…

Il nous reste maintenant à mettre en images et en textes, sur chacun des 7 travaux, la façon dont les 6 aventuriers des mobilités douces vont s’y prendre. On se donne 3 semaines. L’idée est de mettre en scène, sur différents lieux du territoire, les défis qu’ils doivent relever avec des mini-scénettes drôles et toniques. Pour définir nos 6 personnages, on s’inspirera ici d’une enquête qui distingue 3 catégories (mobilité subie, choisie ou sobre) avec 2 profils à chaque fois : les « contraints désillusionnés » (17%) et les « individualistes sédentaires » (17%) ; les « technos optimistes » (22%) et les « technos libéraux » (15%) ; enfin les « écolos mobilitaires » (8%) et les « écolos démobilitaires » (7%). A nous d’inventer 6 personnages sympas qui cochent ces cases (du style Daisy la désillusionnée, Célia la sédentaire, Olive l’optimiste, Eden l’écolo, Lili la libérale, Anicet l’empêché…).

On fixera définitivement l’identité  de ces personnages et leur lieu d’habitation à la fin, en fonction des mini-histoires retenues et avec l’aide de nos deux dessinateurs. Ces derniers viennent de terminer une super BD avec le groupe FORET, n°1 de la collection Imagine Demain qui sera présentée en conseil communautaire le 27 septembre prochain. Il leur reviendra d’utiliser nos propositions pour dessiner l’aventure de nos 6 héro.ïnes des mobilités douces pour tous.

Pour participer aux travaux du groupe, il suffit d’aller sur la plateforme dédiée, de cliquer dans l’un des 7 travaux d’Hermès et de rédiger des mini-scénarios et/ou d’amender ceux qui sont déjà proposés. Sur le plan technique, pour éviter des mauvaises manips sur la plateforme, veillez à d’abord rédiger vos textes sur Word puis à faire ensuite un copier/coller sur la plateforme en signant votre proposition (ou à nous les envoyer par mail et on les ajoutera).

On prévoit 2 séances pour débattre ensemble sur toutes ces propositions le jeudi 3 octobre et le mardi 15 octobre (en présentiel de 17h à 19h dans la salle créativité à la Métro).

Au plaisir de ces futurs échanges !

Alain & Soizic

 

 

 Point d'étape #7 - Mai 2024

 

Ce point d’étape intervient après le Léman Express Tour du 20 avril  et avant que nous ne rencontrions jeudi 13 juin à 17h30 à la Métrropole Améziane Mouret et Ben Bert, les deux professionnels qui vont faire la BD. On dispose dorénavant d’un matériau écrit assez considérable avec les points d’étape ( Objectifs et méthode – septembre 2023 //  Gares et plateforme - novembre 2023 // Mobilités panachées – janvier 2024  //   Les sept travaux d’Hermès - mars 2024) ainsi que d’un récit graphique et sonore sur les deux marches sensibles (La sortie initiale 10 novembre 2022 et Le journal de bord de Marie-Léa Rousseau sur la journée du 20 avril 2024).

Tous ces éléments d’observation et d’analyse pourraient faire un solide rapport, mais notre choix d’en traduire les points saillants dans une BD grand public implique un dernier effort de synthèse sur les préconisations et d’imagination graphique.

Trois défis sont au menu :

  • Enoncer le principal fil rouge de notre diagnostic en tirant parti de l’expérience du Léman Express,
  • Choisir judicieusement les scénettes qui composeront les sept planches de la BD,
  • Enfin, décider de la place qu’y tiendront nos héros et héroïnes du futur Grenoble Alpes Express.

Voici quelques éléments et suggestions pour préparer la discussion du 13 juin prochain sur ces trois points :

 

Les mobilités douces pour tous comme fil rouge ?

Le voyage en Suisse a permis de découvrir que le projet du Léman Express avait été dépassé par son succès non pas seulement du côté des déplacements en trains mais surtout en raison de l’engouement qu’il suscite, bien au-delà des prévisions les plus optimistes, pour de nouvelles façons de « vivre en grand » le territoire. Les trois experts que nous avons rencontrés ont insisté sur ce point : le réseau ferroviaire cadencé, dès lors qu’il a été adopté par la population, a reconditionné toutes les stratégies de mobilité des habitants.

Autrement dit, le Léman Express en actes a bousculé les représentations. Ce n’est plus seulement un moyen de transport ferroviaire transfrontalier pour aller à Genève. C’est en train de devenir un concept pour vivre, travailler et se divertir de façon différente dans la grande région. C’est comme si se produisait un changement d’échelle dans le rapport des individus à leur territoire : le Léman Express ne se limite pas au bassin franco-genevois, il a un impact tangible pour les habitants sur un vaste périmètre qui concerne tous les habitants de la Haute Savoie et des cantons de Genève et de Lausanne. L’urbanisme autour des gares est métamorphosé, l’économie est réorganisée, les événements et les lieux culturels se redéploient, les centres commerciaux se restructurent, les services s’adaptent, et surtout, les habitants des zones périphériques et des territoires ruraux reconsidèrent leurs liens et leurs attachements sans les lier mécaniquement à leur usage de la voiture individuelle sur de longues distances.

On voit ainsi s’enclencher une combinatoire inédite de mobilités douces (voiture électrique, train, bus, vélo, trottinette, autopartage, marche…) qui impacte tous les usagers du Léman Express, au-delà de leur profil socioprofessionnel, de leur âge et de leur lieu de résidence.

Un scénario d’anticipation en sept chantiers et quatre labels

Pour le projet grenoblois de RER qui nous occupe, cette combinatoire vertueuse implique un changement de perspective potentiellement considérable. Si l’on prend pour acquis que le cadencement des trains va être mis en place, il faut s’interroger sur les nouveaux comportements et les nouveaux services qui doivent accompagner cette révolution. C’est là que se situe le grand défi d’anticipation de notre groupe de travail : le fil rouge de la « mobilité douce pour tous » concerne directement les sept travaux d’Hermès que nous avons pointé au fil des auditions :

  • La billettique unique associant tous les modes de transport s’impose comme une option indispensable, incontournable, nécessairement ultra-performante ;
  • Les gares doivent être conçues comme des joyaux du territoire, des lieux hyper-accueillants de service public et de services au public ;
  • Les voyageurs y auront le statut de VIP des transports en commun, avec sur tous les trajets une sensation grisante de confort et de convivialité ;
  • Le temps nouveau des sauts de puces implique aussi un label d’agilité autour des gares pour offrir mille possibilités de déplacements en rickshaw et par câble ;
  • Le développement du fret éco responsable appelle aussi des expérimentations alternatives (deuxième label) avec les trains, les bus, les taxis et les cargo-vélos ;
  • Le réseau porte une attention spécifique aux publics fragiles et éloignés, il sera dans tous ses dispositifs résolument altruiste et solidaire ;
  • Enfin il s’agira d’un réseau alpin (quatrième label) offrant aux promeneurs et aux visiteurs des connexions-découvertes avec le patrimoine des massifs et des sommets.

Les quatre qualités essentielles du réseau (agile, alternatif, altruiste et alpin) sont présentées comme des labels pour souligner que la réussite du projet se jouera aussi dans notre capacité collective à donner du sens et à insuffler de l’enthousiasme collectif au projet.

Quel rôle pour les aventuriers du Grenoble Alpes Express ?

Pour mettre en dessin les sept chantiers et les quatre labels, la BD va présenter quelques personnages types qui éprouvent le réseau et qui le testent. Ces héros des mobilités du futur devront avoir des profils variés. On pourrait reprendre une typologie testée par la Fabrique de la Cité dans son enquête de mobilité 2050. On y trouve trois grandes catégories de perceptions selon que la mobilité est subie, choisie ou sobre, et pour chaque catégorie, il y a deux variantes : les « contraints désillusionnés » (17%) et les « individualistes sédentaires » (17%), les « technos optimistes » (22%) et les « technos libéraux » (15%), enfin les « écolos mobilitaires » (8%) et les « écolos démobilitaires » (7%).

L’idée est de confier à ces 6 personnages des missions spécifiques. C’est à ce stade que l’on attend beaucoup de la discussion avec les deux professionnels que nous allons rencontrer le 13 juin. Il faut s’entendre sur le titre qui donne à la BD soit une direction (du style « Mobilités ! »), soit un cadre (du style « Les aventuriers du Grenoble Alpes Express »), soit encore une énigme à résoudre (du style « Les mobilités douces pour tous ? »). Il faut aussi s’accorder sur l’esprit dans lequel les personnages de la BD affrontent les sept chantiers (l’humour, le combat, les tâtonnements, l’étonnement…). Enfin il faut réfléchir aux éléments d’information qui complèteront la BD, avec -pourquoi pas- une page sur le Léman Express, mais aussi des témoignages d’experts et de citoyens, des données sur l’avancée du dossier SERM, des liens utiles, des notes de lecture…

Au plaisir de vous retrouver le 13 juin à 17h30 pour en débattre !

 

Alain & Soizic

 

 Point d'étape #6 - Avril 2024

 

Temps fort du cheminement du Groupe de Travail, un voyage d'étude a été réalisé le samedi 20 avril 2024 avec des membres des quatre conseils de développement de la grande région grenobloise, pour comprendre les enjeux ainsi que les conditions de réussite du Léman Express.

Occasion d'échanger avec Mathieu Fleury, directeur de Lemanis SA, Vincent Kaufmann, professeur en sociologie à l’EPFL et Frédéric Varone, magistrat à la Cour des comptes de Genève, ce voyage était également accompagné par : Juliana Gonzalez Villamizar, docteure en sciences humaines et sociales et cheffe de projet Schéma de mobilité au SMMAG et Marie-Léa Rousseau, docteure en aménagement-urbanisme au laboratoire MATRiS, CY Cergy Paris Université.

 

Une expérience collective à retrouver ici en texte, en images et en podcast

 

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Point d’étape #5 – Mars 2025

Les sept travaux d’Hermès

Nous étions 16 à la rencontre crash test du jeudi 7 mars 2024 avec le Voironnais en force (Isabelle, François, Jean-Claude, Ségolène, Muriel), une représentante du Grésivaudan (Malika), le fidèle correspondant de St Marcellin Vercors (Michel), 8 membres pour Grenoble Alpes Métropole (Bernard, Gaël, Sofia, Michèle, Benoit, Sacha, Soizic, Alain, ainsi que Marie Lyne, chargée de mission).

L’objectif était de reprendre tous les textes déjà produits pour se projeter sur le scénario de la BD que nous souhaitons présenter, dans l’idéal, à l’occasion du « mois de la mobilité » en septembre 2024 à Grenoble. Chacun a relu les points d’étape précédents en pointant ce qui était le plus important à mettre en récit, ce qui clochait dans les diagnostics et ce qui manquait cruellement pour la future BD. Les trois conseils de développement qui entourent Grenoble ont ouvert le bal puis les débats se sont prolongés à bâtons rompus avec l’ensemble des participants. Sur cette séquence critique, on attribuera volontiers une mention spéciale à Michel et Claire pour St Marcellin, Isabelle et Ségolène pour le Voironnais et Michèle pour Grenoble tant leurs contributions préparées et ciselées ont structuré et bonifié les échanges. 

Résultat des courses ? Le récit qui sera proposé dans la BD racontera un monde post-carbone résolument ludique sur la forme et volontiers disruptif sur le fond. La BD mettra en images l’histoire de quelques personnages, les « mobiles du futur », qui seront des aventuriers de différentes générations, professions et localités. On se penchera sur la vie quotidienne de ces héros des villes et des campagnes qui parcourront la grande région grenobloise de long en large (et même en travers) avec toutes sortes de moyens de locomotion, pour toutes sortes d’occupations et de destinations. Des héros du quotidien qui parviendront à surmonter les mille obstacles des horaires, des réservations, des parkings, des bouchons, des passerelles, des montagnes, des bagages et même de la météo.

 

Au terme du remue-méninges, on valide l’idée que le scénario s’appuiera sur une série d’idées-phares qui feront autant de planches BD. Pour avancer sur ce point, on pourrait nommer ces mobilités du futur comme les sept travaux d’Hermès (le Dieu des déplacements s’il en est). La proposition est synthétisée sur les sept points d’entrée suivants : la billettique, les gares, le confort des voyageurs, le fret marchandise, les micro-déplacements, les solutions solidaires et le tourisme. On pourra ajouter à l’aventure une dernière planche (sur la 4ème de couverture ou en intro), dessinée sous la forme d’une grande carte de la région urbaine où seront compilées toutes les formules et innovations imaginées.

 

 

1.      Une billettique unique

Le ticket d’entrée, c’est la première image de la première planche. On se déplacera demain à partir d’un système de réservation numérique totalement intégré et compatible à toutes les formes de transport sur le territoire, du train au taxi en passant par le bus, le vélo, la trottinette, le tram, le parking, le covoiturage, les rickshaws, les télécabines, les espaces relai, les couloirs piétons… C’est la formule en mathématiques « si et seulement si » : pour réussir, la révolution des mobilités implique une plateforme billettique et d’information aux voyageurs regroupant tous les prestataires en jeu. Et ils sont légion ! Sur le plan technique et pratique, on insistera volontiers sur la nécessité que cette plateforme propose des forfaits mensuels, des horaires planifiés et des combinaisons multi-transports incluant un engagement de mise à jour et d’actualisation des données  instantané en cas d’incident. On pourra illustrer pour partie le défi en dessinant, sous la forme de situations en flashback, toutes les absurdités et tous les dysfonctionnements observés sur cette question en 2024… Mais en prenant en compte également les dispositifs existants qui fonctionnent bien, comme la Carte Ou'RA ou encore les Plans de Déplacement des Entreprises.

 

2.      Des gares rayonnantes de convivialité

C’est la deuxième priorité incontournable du réseau : il y a consensus pour mettre en dessin une obligation absolue de transformation des gares existantes et de création de gares routières et de points d’accueil multimodaux. Plusieurs propositions faciles à mettre en images sont envisageables, que ce soit sur l’accueil humain avec des bureaux « France Services », sur l’accès aux sanitaires, sur l’accès à de l’eau potable, sur les salles d’attente (et un local chauffé à l’abri des intempéries), sur les systèmes d’information et de communication, sur les parkings, sur l’accessibilité pour les voyageurs handicapés, sur les bancs, sur les dispositifs de surveillance, sur les consignes, sur les horaires de fermeture… Cela inclut aussi une meilleure gestion des situations de crise avec une prise en charge rapide et efficace de tous les voyageurs. Les gares du réseau doivent être conçues comme des espaces de rencontre et de croisement où la bienveillance et la convivialité sont deux règles d’or.

 

3.      Des voyageurs VIP

 

C’est la troisième condition de la révolution mobile : l’addiction à l’automobile et aux transports individuels provient d’un double sentiment de liberté et de sécurité quand on possède un véhicule personnel. Les mobilités de demain appellent un renversement de perspective où le confort et le bien être dans les véhicules collectifs sont systématiquement recherchés.

Dans les trains comme dans les cars, les tablettes de travail et les liseuses y seront les bienvenus. On trouvera facilement des prestations de restauration légère. Des efforts seront faits pour proposer des espaces jeux et des zones détente. Il faut mettre en place un contrat de confiance sur les horaires annoncés, les fréquences de passage, l’amélioration des quais, des souterrains, des espaces vélos, des accès handicapés, avec un service d’information réactif aux voyageurs. Dans le réseau de demain, les wagons et les cars feront rêver, les contrôleurs et les conducteurs seront des ambassadeurs, les usagers se sentiront comme des voyageurs VIP !

 

4.      Le fret éco-responsable

On entre ici sur un terrain peu commenté et pourtant central dans la réorganisation des flux : il va falloir revoir de fond en comble la logique « tout camion » des transports de marchandises. Dans un monde où le commerce numérique sera roi et où les villes seront piétonnisées, les objets seront transportés au gré des mille modes doux et modes collectifs de circulation : trains, cars, taxis, vélos, trams, cargos électriques, autopartage, trottinettes… Un seul exemple permet d’illustrer l’immense champ des possibles qu’il faut urgemment explorer : le transport des médicaments et des produits entre les hôpitaux, mais aussi entre les centres de santé et à destination des pharmacies. Ce trafic intense, permanent et vital, doit être prioritairement interconnecté aux réseaux existants sur le ferroviaire, les bus, les deux roues et le covoiturage. Le réseau rêvé de demain n’est pas qu’une affaire de voyageurs : il est le dépositaire et le promoteur d’un fret marchandise résolument éco-responsables.

 

5.      Mille et un sauts de puces

Le cinquième travail d’Hermès concerne l'intermodalité et la généralisation des sauts de puce pour voyager avec une grande diversité de moyens de déplacement. Là aussi, les débats ont mis en mouvement une foire aux idées assez réjouissante. L’image qui domine, c’est la philosophie joyeuse des rickshaws indiens pour rallier une gare, un parking, un bus, un rond-point, une place, une plateforme… L’autre image forte concerne les câbles qui progressivement mettent en connexion tous les lieux névralgiques de la région. On monte dans une cabine, un casier, un télésiège ou un micro-wagon pour accéder à tous les massifs de la cuvette mais aussi pour passer de vallon en vallon et pour visiter à pied les différents micro-centres urbains de l’agglomération. La révolution mobile se vivra sur des modes de transport pas nécessairement très rapides mais qui redonneront goût à la proximité et aux espaces communs de vie collective (commerces, culture, loisirs, sports).

 

 

6.      Un réseau hyper solidaire

Le sixième des travaux d’Hermès concerne la lutte contre l’éloignement ou l’isolement des individus. La société hyper mobile de demain appelle une hyper solidarité dans ce domaine. Les personnes en situation de handicap, les personnes fragiles et les publics en difficulté sociale sont particulièrement exposés aux risques de l’immobilité ou de l’enfermement. On pense aussi aux travailleurs en horaires décalés. Leurs déplacements, qu’ils concernent le quotidien, l’occasionnel ou des nécessités hebdomadaires, doivent s’inscrire dans des modes doux, simples, libres et accessibles. Il faudra aussi imaginer de raconter la mobilité douce des enfants et des ados. Un gros effort doit être réalisé avec les écoles pour que l’apprentissage des mobilités douces dès le plus jeune âge devienne une des clefs de leur citoyenneté. Des formules originales de covoiturage et de taxi se développent. Un gros effort doit être réalisé avec les écoles pour que l’apprentissage du vélo dès le plus jeune âge devienne une des clefs de leur citoyenneté. La solidarité se déclinera aussi, bien sûr, dans des mesures adaptées pour les populations péri-urbaines et rurales. La région est innervée et vivifiée par ses bourgs, ses villages et ses espaces agricoles et naturels. Les pré-alpins qui habitent loin des gares sont des héros mobiles de la métropole à part entière !

 

7.      Visiteurs et traverseurs bienvenus !

Le dernier défi concerne la prise en compte des milliers de personnes extérieures à la région qui la parcourent ou la traversent. Les trois premiers travaux d’Hermès les concernent bien sûr au premier chef. La billettique unique, les gares accueillantes et les wagons VIP sont des facteurs d’efficacité, d’attractivité et de confort. Mais il faut aussi poser l’équation des articulations plus complexes à inventer pour que ces voyageurs soient acteurs de la révolution de nos comportements vers les mobilités douces. On pense aux TGV, aux parcs naturels régionaux qui nous entourent, aux liens avec la Savoie et l’Italie, à l’accès aux stations de ski, à l’organisation des grands événements populaires, au tourisme urbain, aux zones d’entreprises, aux secteurs en expansion du plein air… La liste est longue ! Il faudra être particulièrement attentif à rendre notre modèle panaché des sauts de puces et des rickshaws compatible et accueillant pour que tous les visiteurs et les « traverseurs » de la région en soient aussi des ambassadeurs.

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Le chantier des sept travaux est lancé ! Wikipedia nous dit que si Hermès est le gardien des routes et carrefours, des voyageurs, des bergers et des commerçants, il est aussi le dieu des voleurs et des orateurs « qui conduit les âmes aux Enfers ». La société de l’hyper mobilité et du numérique est un Janus à double visage : elle menace aujourd’hui les grands équilibres de la planète mais elle porte des espoirs et des promesses de proximité, de sobriété, d’écologie et de bien-être. La BD est l’occasion de mettre en images les réconciliations et les concordes que le RER métropolitain incarnera pour les 900 000 habitants de la grande région grenobloise.

Pour boucler notre cycle réflexif, nous vous donnons donc rendez-vous le jeudi 4 avril à 17h30 (à la Métro ou en visio). On entrera dans le détail des scénarios et des trouvailles graphiques pour illustrer les sept travaux d’Hermès ; on fera le point sur l’appel à candidature auprès de scénaristes et de dessinateurs ; enfin on donnera les dernières infos pratiques sur notre voyage Léman Express du samedi 20 avril avec le sociologue Vincent Kaufmann (co-auteur notamment de l’ouvrage Tranches de Vie Mobile). Pour préparer cette dernière séance, n’hésitez pas à (re)lire les éléments de synthèse présentés dans le point d’étape #3 (que nous avons amendés grâce aux contributions et débats du 7 mars).

 

- Point d'étape réalisé pour le Groupe de Travail RER par Alain  & Soizic le 20/03/2024 -

 

 

 

 Point d'étape #4 - Février 2024

 

Réunis simultanément en visioconférence et au siège de la métropole le jeudi 8 février, le groupe de travail (composé de membres des 4 conseils de développement du grand Grenoble) a avancé sur deux éléments fondamentaux qui aboutiront durant l'année 2024 :

 

1/ La réalisation collective d'un cahier prospectif, destiné à présenter les propositions du groupe de travail en format BD

 

Un débat animé a été ouvert sur le format rêvé de restitution des réflexions présentées dans les points d’étape à découvrir ci-dessous. Il s'agira de réaliser un document tonique, drôle et pédagogique en format BD  comportant un récit fictionnel et des témoignages, dans le cadre d'une série déclinée pour tous les sujets en cours du C2D (Mobilité, Forêt, Citoyenneté et Appartenance métropolitaine).

Ce document, qui traduira les cogitations des membres des quatre conseils de développement de la grande région grenobloise, prendra pour héros les « mobiles du futur », ces aventuriers de différentes générations, professions ou localités amenés à expérimenter un Réseau Express résolument agile, altruiste, alternatif et alpin. Leur parcours en long, en large et en travers de la grande région grenobloise avec toutes sortes de moyens de transport sera l'occasion de relever les mille défis de mobilité sur les horaires, les réservations, les parkings, les bouchons, les passerelles, les montagnes, les bagages ou encore la météo… puisque le récit sera également attentif à leurs déboires face à des systèmes de transports qui côtoient parfois les « A » de l’absurde et de l’aberrant.

=> Rendez-vous le jeudi 7 mars de 17h30 à 19h pour avancer collectivement sur l'écriture du cahier prospectif mobilité

 

2/ Un projets de voyage d'étude (qui aura lieu le samedi 20 avril) au Léman Express afin d'éprouver par l'expérience la multi modalité inter-frontalière

 

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L'idée ? Réaliser une expédition ferroviaire décapante en Suisse, avec des membres des 4 conseils de développement, au départ la gare de Grenoble, pour expérimenter le Léman Express et y rencontrer Vincent Kauffman, Sociologue, spécialiste des mobilités et auteur de l’ouvrage Tranches de Vie Mobile

 

Lire en ligne le compte-rendu complet de cette rencontre pleine de perspectives

Rendez-vous le 7 mars à la métropole et en visio pour la suite des échanges !

Et inscription ici pour le voyage d'étude Léman Express du 20 avril !

 

 

 

 

 

Point d'étape #3 - Janvier 2024

 

Le temps interconnecté des mobilités panachées

Pour rappel, les deux premières séances de remue-méninges du groupe RER, qui se sont tenues le 25 septembre et le 19 octobre 2023 (résumées dans le point d’étape #2), ont permis de souligner quatre priorités :

  • des gares d’accueil rayonnantes et au diapason (y compris pour les bus et les points relais) ;
  • une plateforme billettique unique à l’échelle de la grande région grenobloise ;
  • des dispositifs de solidarité pour les publics fragiles ;
  • une expérimentation collective grandeur nature d’une semaine sans voiture individuelle.

Les séances du 27 novembre et du 7 décembre 2023 du groupe RER portaient sur les « A » de l’alternatif et de l’alpin. Nous avons cherché à traduire les quatre priorités en initiatives concrètes et en nouvelles façons de se déplacer et de se relier les uns aux autres. Au terme d’échanges nourris et éclectiques, on retiendra pour mémoire cinq pistes de travail qui ont fait consensus.

1 // Cristalliser les micro-expérimentations alternatives

La première piste part du constat qu’il existe sur ce territoire un nombre impressionnant de micro-initiatives qui ont été lancées depuis vingt ans en matière de déplacements alternatifs. Que ce soit dans les communes, dans les entreprises ou au cœur du monde associatif, on trouve un foisonnement d’expériences où s’exprime le « génie » territorial du Grand Grenoble. De nombreuses solutions collectives ont déjà été imaginées à petite échelle pour faire face au goulot d’étranglement routier de la cuvette grenobloise. Les formules testées concernent différentes portions de territoire et différents segments de la population. On y a éprouvé l’autopartage, les points de rencontre, les taxis et les bus sur mesure, les vélos en grappe, les points trottinettes, les horaires d’entreprises décalés, les aménagements de télétravail, les regroupements de supporters, les couloirs à skate et roller… On pourrait imaginer qu’aux quatre coins du territoire soient initiés des corsos fleuris avec des chars célébrant les nouveaux modes de déplacement en gestation.

Le « portrait de territoire » présenté en novembre 2022 par Sophie de Paillette a souligné le paradoxe de cette effervescence d’initiatives originales et souvent audacieuses qui caractérise notre métropole mais qui ne débouche que rarement sur un récit d’ensemble et des actions coordonnées. Il y a une panne de cristallisation des énergies, comme si les habitants ne savaient pas « jouer collectif » au-delà du cercle circonscrit de leur quartier, de leur métier et de leurs loisirs… Le défi environnemental du projet RER est l’occasion de bousculer ces périmètres de confort. Il pourrait être une opportunité pour dépasser les limites actuelles et promouvoir une forme de citoyenneté des déplacements alternatifs à travers tout le territoire. C’est aussi une façon de revisiter les symboles attachés aux mobilités de demain : le Réseau Express de demain va bien au-delà de l’image rectiligne des flux ferroviaires de fond de vallée, il dessine une myriade d’archipels interconnectées.

 

2 //  Valoriser les sauts de puces et les rickshaws

La question des interconnexions à inventer nous mène directement à la deuxième piste explorée tout au long des débats. Les exercices de prospective soulignent tous la part croissante des déplacements liés à des trajets courts, des circuits de proximités et des combinatoires de moyens de transport.

 

Si l’on accepte réellement de se projeter dans un monde sans voiture individuelle, deux tendances fortes se détachent. La première concerne la généralisation des déplacements par sauts de puce, au point par point. La seconde tendance concerne le développement potentiel des véhicules au format indien des rickshaws, ces engins sur trois roues qui relient et connectent les individus aux quatre coins du territoire. On ne sait pas encore quelles seront leur forme et leur source d’énergie (l’électricité, les muscles, l’hydrogène…) mais plusieurs indices suggèrent qu’ils pourraient devenir des véhicules indispensables et omniprésents dans notre quotidien. Le projet de RER offre une autre opportunité pour anticiper l'évolution en favorisant les aménagements qui encouragent l'utilisation des rickshaws et la location de VAE autour des gares et des points relais du territoire. Cette façon de reconsidérer les déplacements de courte distance favorise par exemple, pour reprendre l’expression d’une membre du groupe, une « machine à rêver » pour revoir complètement le déplacement des enfants et des adolescents dans leurs pratiques sportives et culturelles comme pour leur accompagnement à des rendez-vous médicaux.

 

Des expériences inédites pourraient aussi être lancées pour tester des vélos capitonnés, des itinéraires en calèche, des espaces roller, des parcours piétons de transition, des livreurs habilités à transporter des voyageurs, etc…

 

3 // Anticiper la révolution du fret local des marchandises

La troisième piste concerne le problème du transport des biens. Le temps du « tout camion » sera bientôt révolu mais curieusement, c’est pour l’instant un impensé dans les récits du RER métropolitain post carbone. En transitant majoritairement sur les routes, les marchandises ont un bilan écologique désastreux dans tous les domaines (pollution, bouchons, consommation d’énergie…).

Le projet de RER est la troisième occasion en or pour bouger les lignes sur cette question en proposant des solutions radicalement nouvelles de fret local pour les marchandises. Une utilisation beaucoup plus systématique des trains constitue bien sûr la première étape de cette révolution. On envisage également différentes formules à tester avec les bus, les trams, les vélos cargos, les rickshaws… Quelques exemples locaux ont été évoqués qui montrent que des applications sont envisageables rapidement, comme l’utilisation du train pour transporter les médicaments entre les CHU de Grenoble et Voiron, la mobilisation des trams la nuit sur des produits spécifiques, la desserte postale par les bus, les camionnettes électriques sur les chaines alimentaires de proximité, les collectes intercommunales… Dans les imaginaires, le RER est associé au transport des individus mais des expériences menées à l’étranger montrent que des marges de manœuvre considérables existent pour promouvoir un « transport en commun » spécifiquement organisé sur les biens et les marchandises dans les grands territoires métropolitains. En s’engageant dès maintenant sur cette voie, la région grenobloise conforterait sa réputation de laboratoire des villes du futur.

 
4 // Consolider les attachements au territoire

 La quatrième piste de travail concerne enfin la place des montagnes dans une équation ferroviaire uniquement tracée dans les fonds de vallée. L’identité de notre région se nourrit des attachements aux reliefs et aux paysages. Trois points d’alerte méritent ici attention.

Le premier concerne la singularité d’un territoire composé certes de sa plaine en Y mais aussi riche de ses coteaux, de ses plateaux, de ses vallons, de ses massifs et de ses sommets. Les lieux de vie des Isérois épousent une multitude de géographies qui dessinent un modèle métropolitain éclaté et éparpillé, tant horizontalement que verticalement (nous sommes « la plus haute métropole de France » avec des points culminants du territoire à 2082m -Chamrousse- et même 2977m -le Pic de Belledonnes-…). Le modèle des sauts de puces et des rickshaws doit permettre de prendre la mesure des problèmes rencontrés pour les territoires difficiles d’accès et éloignés. Les débats montrent sur ce point que toutes les solutions méritent discussion, sans exclusive, même lorsqu’elles suscitent de vives controverses (on pense ici au transport par câble) ou lorsqu’elles semblent sans issue (on pense aux « verrous » pour se rendre à Vizille ou à Lyon).

 

 

 

Une attention spécifique sera aussi portée aux villages de collines et de montagne et aux zones récréatives de pleine nature avec le défi d’inventer un modèle touristique écoresponsable.

Le deuxième point concerne les bourgs et les petites villes situés en deuxième couronne par rapport à Grenoble (St Marcellin, Vinay, Tullins, Rives, Voiron, Moirans, St Laurent du Pont, Vizille, Vif, Varces, Crolles, Brignoud, Goncelin, Le Touvet, Pontcharra…). Ce sont des acteurs essentiels dans la mise en mouvement de ces nouvelles mobilités solidaires.

Ces espaces urbains conçoivent aussi, pour la plupart, une partie de leur développement en connexion avec d’autres grandes villes (Valence, Lyon, Chambéry…).Le troisième point d’alerte concerne précisément les concertations et les partenariats qu’il faut initier et encourager le plus tôt possible avec les territoires voisins. Le projet de RER peut être considéré comme un maillon central du potentiel de rayonnement et d’attractivité du sillon alpin. La réflexion portera bien sûr sur les connexions avec les massifs et pour des villes plus éloignées (Annecy, Genève, Turin…) mais aussi sur les transits internationaux dans toutes leurs dimensions (tourisme, industrie, commerce, alimentation…).

 

5 // Penser les mobilités au prisme de l’inter territorialité

Notons enfin pour mémoire une piste transversale déjà tracée dans les points d’étape #1 et #2 : toutes ces réflexions sont engagées a minima à la vaste échelle des quatre intercommunalités de la grande région grenobloise. Le temps interconnecté des mobilités panachées concerne tous les habitants et l’implication des quatre conseils de développement apparait ici tout à fait primordial. Il concerne une gamme large de placements qui vont des trajets quotidiens aux voyages longue distance en passant par les « extras » du weekend ou en soirée. Il touche tous les âges, de l’école à la maison de retraite. Il implique aussi paradoxalement de reconsidérer la place des « piétons » avec une attention sur leur confort (de l’eau, des sanitaires, de l’ombre, de la sécurité…). Le réseau est aussi résolument alpin : il nous faudra aussi penser son rayonnement en lien étroit avec les collectivités territoriales des deux parcs naturels régionaux (le Vercors et la Chartreuse) et les massifs au Sud (Belledonnes, Matheysine, Trièves).

 

 

D’ici la mi-2024, il nous faut maintenant construire, autour de ces cinq pistes de réflexion, les préconisations qui seront adressées au conseil communautaire de Grenoble Alpes Métropole. Les douze auditions du premier semestre et les quatre rencontres de l’automne 2023 ont permis d’entrevoir un étonnant patchwork de mesures qui vont bien au-delà des habituelles questions sur le défi technique des flux de passagers et sur les cadencements ferroviaires. Plusieurs fois, les thématiques de la douceur et du confort et de la sécurité dans les déplacements se sont invitées dans les débats. Incontestablement, le RER de demain appelle une rupture de représentation par rapport au modèle parisien qui a été centré il y a soixante ans sur des critères de densité, d’efficacité et de vitesse. L’horizon désirable implique dorénavant un imaginaire empreint de durabilité, de bien être, de proximité et de sobriété. Aux prouesses techniques pour relier au plus vite les lieux d’habitation et de travail succède la promesse des mobilités douces et panachées, de points à points, du récréatif au travail et dans le respect des espaces naturels. Le projet de RER est porteur d’une immense responsabilité collective sur notre façon de vivre la transition en nous connectant mieux les uns aux autres et en expérimentant ainsi une fierté partagée sur ce grand défi de société.

Le programme du 1er semestre 2024 sera entièrement consacré à la réalisation du rendu final. Nous mettrons à l’étude plusieurs formules potentiellement cumulables (une BD, des podcasts, une pièce de théâtre, un clip vidéo…).

Il est aussi prévu d’organiser, en concertation avec le groupe « Marches sensibles », un voyage d’étude vers avril-mai pour observer l’expérience suisse du Léman Express. On pourra aussi initier quelques ultimes auditions sur des thématiques ciblées en concertation avec les trois autres conseils de développement.

 

Point d'étape réalisé pour le Groupe de Travail par Alain  & Soizic

 À noter sur vos agendas : Les prochaines rencontres du Groupe de Travail sont ouvertes à tous les membres des conseils de développement du grand Grenoble de 17h30 à 19h les jeudis 25 janvier, 8 février, 7 mars et 4 avril 2024.

Toutes les dates, ainsi que le lien visio [ pour celles et ceux qui ne pourraient pas se rendre sur place au siège de la Métropole ] se trouvent ici !

 

 


 

 Point d'étape #2 - Novembre 2023

 

Des gares accueillantes et une plateforme logistique unique

Pour rappel, c’est lors d’un Rendez-Vous Agité du C2D à La Machinerie le 30 mai 2022 que les membres du conseil de développement de Grenoble Alpes Métropole ont décidé de s’intéresser au projet de RER, présent dans le Schéma Directeur dès les années 70 mais toujours au point mort 50 ans plus tard. Nous avons d’abord organisé une Marche Sensible (féroviaire) le 10 novembre 2022 en prenant le train à Grenoble pour rejoindre successivement le Nord (St Egrève) et le Sud (Jarrie). Cette expérience d’immersion, réalisée avec le concours d’une graphiste et d’une podcasteuse, a débouché sur un récit sonore et imagé qui raconte nos impressions et nos étonnements.

Ensuite, de février à juillet 2023, le groupe a rencontré des experts pour documenter et éclairer ce que nous avons nommé le « Réseau Express Rêvé des mobilités de demain ». Ces échanges ont fait l’objet d’un document de synthèse accompagné de textes et de coupures de presse. Comme les débats portaient bien au-delà du seul périmètre politico-administratif de Grenoble Alpes Métropole, nous avons associé aux auditions les trois conseils de développement du Voironnais, du Grésivaudan et de Saint Marcellin Vercors Isère et nous avons rencontré celui du Grand Chambéry.

Décloisonnements, incertitudes, exclusions…

Qu’avions-nous retenu au terme de ces onze rencontres en visios ? D’une part, le constat que les enjeux de décloisonnement et de transversalité étaient omniprésents mais très peu débattus et d’autre part, que le projet RER contenait des risques importants d’exclusion et de rejet pour certaines catégories de la population. Mais le résultat le plus saillant a concerné la cacophonie des paroles et des diagnostics, comme si personne ne semblait en mesure pour l’instant de raconter le projet de RER à partir d’un langage commun et en prenant le problème dans toutes ses dimensions. Selon les générations, les professions, les territoires, et même les saisons, l’impact du RER n’est pas envisagé dans les mêmes termes. Tout le monde éprouve des difficultés à décrire le monde post carbone en détaillant les nouvelles pratiques et en anticipant les fractures, avec un gouffre séparant les hyper-mobiles à un bout de la chaîne (dont le mode de vie sera entièrement organisé et rythmé par des flux physiques et immatériels) et les oubliés et les exclus du système à l’autre bout (ceux qui se retrouvent en extrême difficulté dans ce monde de la vitesse et de l’éco-responsabilité).

C’est sur ce grand écart inquiétant que nous avons décidé d’orienter les travaux de l’automne 2023 en tentant d’imaginer un réseau qui serait résolument agile, altruiste, alternatif et alpin. Au terme des deux premières rencontres consacrées aux thématiques de l’agilité et de l’altruisme (le 25 septembre et le 19 octobre), deux urgences ressortent des débats :

Des gares au diapason

La première urgence concerne le rôle joué par les gares dans le futur réseau express, avec trois chantiers qui nous sont apparus prioritaires. Le plus décisif concerne la mise en place d’une plateforme unique proposant des forfaits mensuels, des horaires planifiés et des combinaisons multi-transports. Le tournant post carbone passe par cette révolution billettique d’intégration complète des services et de simplification des réservations. Le deuxième chantier concerne la cartographie géographique de ce réseau. Devront y figurer non seulement les gares ferroviaires du réseau mais également les gares routières, les parkings relais et toutes les formes complémentaires de transports et de déplacement (bus, tramways, navettes, taxis, covoiturage, autopartage, vélos, trottinettes…). Le troisième chantier enfin concerne la création, dans chacune des gares ferroviaires du territoire, d’un guichet humain d’accueil interservices publics en capacité d'accueillir les voyageurs et de les informer sur toutes les formules existantes.

Ces trois chantiers esquissés à gros traits ne sont pas révolutionnaires mais ils touchent le défi le plus redoutable du projet : regrouper tous les opérateurs de transport sur une même plateforme pour que les usagers disposent d’un seul outil pour envisager leurs déplacements. La prouesse, qui a récemment été expérimentée à Londres, n’est pas seulement logistique ou technique. Elle part de notre conviction que la mise au diapason des mille et une façons de se déplacer sur le territoire est un préalable à toute transformation en profondeur des pratiques de mobilité.

Une expérimentation grandeur nature

La seconde urgence concerne précisément le passage des déplacements subis aux mobilités choisies. Deux questionnements sont revenus en boucle dans les échanges. L’un concerne les publics fragiles ou aux ressources limitées (les moins de vingt ans, les séniors plus, les étudiants, les personnes à mobilité réduite, les familles défavorisées…) qui subissent des inégalités criantes en matière de mobilités. En inventant des dispositifs volontaristes spécifiques pour ces publics, le RER enverra un message fort en termes de solidarité et d’inclusion à l’heure où la société est minée par les fragmentations.

L’autre questionnement concerne les populations hyper-dépendantes à l’automobile. Les témoignages sont unanimes : le problème relève presque de l’addiction et il montre, la plupart du temps, l’incapacité ou l’impossibilité des individus à imaginer d’autres modes de déplacements. Pour relever le défi, les travaux menés sur des expériences de mobilités vertueuses montrent que la prise de conscience passe nécessairement par des émotions positives. Pour entrevoir le potentiel de ces expériences de mobilité, les grands discours et les démonstrations raisonnées ne suffisent pas. Il faut que les alternatives soient ressenties comme valorisantes. Les changements de comportement impliquent que les individus éprouvent, de façon sensible et corporelle, de nouvelles façons de voir les choses. Pour provoquer ce choc, pour ressentir positivement de nouvelles sensations, le groupe fait l’hypothèse qu’il faudrait sans doute mettre en place une expérimentation grandeur nature à l’échelle de la grande région urbaine, sur au moins un mois, où par exemple tous les modes de transports (hormis la voiture individuelle bien sûr) seraient intégralement gratuits.

Le génie des lieux…

En ciblant les urgences sur le rayonnement des gares, la plateforme billettique unique, la solidarité et une grande expérimentation collective, le groupe fait le pari que c’est d’abord par notre façon de nous représenter le RER (son équité, sa variété, son efficacité, sa modernité, son ingéniosité, voire son élégance citoyenne…) que nous parviendrons à susciter un élan d’ampleur sur les nouvelles pratiques de déplacement.

Les deux prochaines séances (de 17h30 à 19h30 à la Métro) donneront l’occasion d’entrer dans les détails de cette dynamique en tentant de lister sans exclusive toutes les innovations et promesses qui pourraient alimenter cette forme de fierté collective autour du RER. La séance du 16 novembre 2023 sera consacrée à un « remue méninge » sur les alternatives à la voiture (et au camion), dans une grande région urbaine réputée depuis un siècle pour la qualité de ses innovations et des expérimentations à portée scientifique, humaniste et sociale. La séance du 7 décembre 2023 planchera sur une autre facette du génie des lieux régional : la dimension alpine du projet, avec le souhait de mettre en valeur le fait que le RER est entouré de montagnes remarquables, qu’il innerve un patrimoine exceptionnel et que dans cette région, la population et les visiteurs entretiennent avec la nature et les sports de plein air une relation particulièrement intense.

Notons, pour conclure par une pointe d’inquiétude, que les débats sur le réseau agile, altruiste, alternatif et alpin ont aussi suscité des interventions sur le « a » de absurde. Si le projet donne parfois le vertige en raison de sa complexité et de la profusion des financements à mobiliser, il donne aussi le tournis quand on fait la liste des obstacles, des blocages et des dysfonctionnements en présence. Les agités du conseil en ont pleinement conscience, et les deux dernières séances seront l'occasion d'affronter ensemble ce défi…


 Point d'étape #1 - Septembre 2023

 

Les objectifs du groupe et la méthode retenue

Lors d’un Rendez-Vous Agité du C2D (réunion remue-méninges de début de mandat à La Machinerie le 30 mai 2022), les membres du conseil de développement de Grenoble Alpes Métropole ont débattu sur les grands enjeux de la Métropole. La thématique des mobilités s’est imposée dans les thématiques de réflexion à privilégier. Pour resserrer le questionnement, nous avons choisi de sortir des placards un projet de RER lancé dès les années 70 et toujours au point mort malgré sa mention dans le dernier Plan de Déplacement Urbain de la Métropole.

Nous avons d’abord lancé les travaux du groupe en organisant une Marche Sensible le 10 novembre 2022 en fin de journée. En partant de la gare de Grenoble, une dizaine de membres du C2D a rejoint en train successivement les deux gares de St Egrève puis de Jarrie, qui relient le territoire vers le Nord et vers le Sud. Cette expérience d’immersion, réalisée avec le concours d’une graphiste et d’une podcasteuse, a débouché sur un récit avec des sons et des croquis où sont racontés nos impressions et nos étonnements.

Voir en ligne la restitution de la Marche Sensible RER

Courant décembre 2022, le Président de la République a créé la surprise en annonçant le lancement d’un important programme gouvernemental de financement visant à accélérer la création de RER dans les grandes métropoles, dont celle de la région grenobloise. Le groupe a alors décidé de rencontrer des experts pour documenter et éclairer toutes les questions en suspens dans la mise à l’agenda politique du RER. Nous avons réalisé de février à juillet 2023 une série de 11 auditions en visio le jeudi de 12h30 à 13h30 sur le mode de la discussion à bâtons rompus dont vous pouvez retrouver ici une synthèse. Nous avons aussi collecté et mis sur le site des textes sur le RER ainsi que les coupures de presse, nombreuses, qui ont été publiées sur ce sujet dans le quotidien Le Dauphiné Libéré.

Dès le départ, nous avons volontairement élargi les réflexions sur le projet de RER en questionnant de nombreux experts sur le « Réseau Express Rêvé des mobilités de demain ». Avec ce titre, nous faisons l’hypothèse que les défis techniques et financiers considérables du dossier ne seront relevés que s’ils s’accompagnent d’une réflexion prospective plus large sur les bouleversements des imaginaires en présence.

La mobilité est un processus complexe au cœur de la vie des personnes qui vivent, traversent ou visitent la grande région urbaine, et cela bien au-delà du seul périmètre politico-administratif de Grenoble Alpes Métropole. C’est la raison pour laquelle nous avons associé aux auditions les trois conseils de développement voisins (Voironnais, Grésivaudan et Saint Marcellin Vercors Isère), C2D avec lesquels nous travaillons dans le cadre du réseau GREG, ainsi que le Conseil de Développement du Grand Chambéry.

La présente note propose une brève synthèse des premiers résultats qui soulignent l’omniprésence des enjeux de décloisonnement et de transversalité, l’incertitude sur les nouvelles formes de mobilité en formation ainsi que les risques d’exclusion et de rejets touchant une part importante de la population. Nous pointerons en guise d’ouverture exploratoire quatre promesses qui pourraient structurer le travail de rédaction d'un récit (sous une forme écrite, dessinée et audiovisuelle à inventer) que nous allons mener collectivement à l’automne 2023. Enfin, vous trouverez, à la fin de cette page, trois annexes qui résument respectivement les points saillants des 11 auditions, les thématiques qui ont fait les gros titres dans la presse régionale et des éléments bibliographiques.

Des diagnostics spécialisés

Un premier sentiment ressort d’une manière majeure des 11 auditions, quel que soit l’angle de lecture adopté : tous les experts rencontrés soulignent que le projet de RER métropolitain soulève des questionnements sur les mobilités qui sont compliqués à embrasser dans leur totalité. A gros traits, on peut distinguer trois façons d’entrer dans les débats : par la technique, par les usagers et par les territoires. Les sujets sont dépendants bien sûr mais les diagnostics sont souvent argumentés séparément. Le point de vue des spécialistes des déplacements nous informe sur les gares, le matériel roulant, les cars, les deux roues, le câble, l’intermodalité, le bilan carbone, les flux de passagers et de marchandise, ce qui est possible à court terme ou à long terme, la gouvernance publique… Le point de vue usager parle domicile-travail, accès aux équipements culturels, accès à la montagne, coûts de déplacements, qualité des services, liberté de déplacement, démocratie participative… Le point de vue territorial enfin évoque des défis situés sur les bouchons automobiles, les lieux de centralité, les services de proximité, les tensions centre-périphérie, la ruralité, les compétences des collectivités locales… La grande région urbaine regorge d’atouts et de ressources pour que le projet de RER soit l’occasion de penser les mobilités de demain de façon dynamique et innovante mais il apparaît clairement que personne ne parvient pour l’instant à raconter le projet de RER dans toutes ses dimensions et à partir d’un langage commun. Nous faisons ici l’hypothèse que les conseils de développement sont idéalement placés pour agencer et réconcilier les points de vue en mettant des mots partagés sur les défis et les tensions en présence.

Une inconnue et un point d’alerte

La seconde impression qui ressort des témoignages, des articles et des rapports concerne le flottement éprouvé par les experts à imaginer précisément le monde post carbone de demain. Sur quels nouveaux comportements et avec quelles tendances dominantes les habitants vont-ils vivre quand la voiture individuelle ne sera plus l’outil principal de leur mobilité ? Qui seront les gagnants et les perdants du RER, avec quelles fractures, dans quels replis et sur quels enthousiasmes collectifs ? Là aussi, les auditions ouvrent les débats de façon segmentée et disparate. Selon les générations, les professions, les territoires, et même les saisons, l’impact du RER sera différencié. Des constats font cependant consensus aux deux bouts de la chaîne. Il y aura à un bout de la chaîne les hyper-mobiles dont le mode de vie sera entièrement organisé et rythmé par des flux physiques (mais aussi immatériels) de durabilité et de sobriété. A l’autre bout, on trouvera les oubliés et les exclus du système, ceux qui ne seront pas parvenus à se connecter et se mouvoir dans ce monde de la vitesse et de l’éco-responsabilité. Peu de travaux existent à ce jour sur les nouveaux usages des premiers (le télétravail, l’électrique, les deux roues, le covoiturage, le collaboratif…) et on se demande rarement comment le projet de RER pourrait s’orienter pour être à l’écoute des problèmes rencontrés par les seconds. Ces questions en suspens pointent donc une inconnue et une alerte que les quatre conseils de développement pourraient avantageusement éclairer.

Un RER agile, altruiste, alternatif et alpin ?

Pour parvenir à cet éclairage et pour mettre en récit le réseau express rêvé des mobilités de demain, nos débats de l’automne doivent parvenir à énoncer des promesses, débattues collectivement, qui concernent les habitants aux quatre coins du grand territoire des 4 conseils de développement et même au-delà (les massifs du Vercors, de la Chartreuse et des Belledonnes, les connexions avec le Nord Isère, Lyon, Chambéry, la Suisse, l’Italie…). Sur quelles valeurs et avec quels atouts le projet de RER peut-il favoriser une dynamique qui provoque la fierté des personnes qui habitent la région grenobloise et qui suscite aussi l’admiration des visiteurs qui la traversent ? A titre purement exploratoire, on s’inspirera volontiers du portrait de territoire récemment réalisé par Sophie de Paillette pour pointer quatre pistes sur ces atouts à promouvoir.

1- Le RER doit d’abord faire preuve d’agilité en créant des liens, des reconnections et des réconciliations entre les territoires et entre les modes de déplacement.

2- Il doit aussi revendiquer son altruisme, c’est-à-dire sa capacité à afficher sa solidarité et à inventer des complémentarités avec les territoires fragiles et éloignés.

3- Il doit encore être alternatif, c’est-à-dire s’inscrire dans la tradition des innovations et des expérimentations à portée scientifique, humaniste et sociale qui ont caractérisé le développement de la région urbaine depuis un siècle.

4- Enfin il doit être résolument alpin, c’est-à-dire en phase avec un génie des lieux marqué par l’imaginaire de ses sommets exceptionnels, de son patrimoine et son rapport intense à la nature et aux sports de plein air.

 

Nos débats de l’automne pourraient être l’occasion d’un exercice très concret de propositions et d’expérimentations qui orientent le projet sur ces quatre spécificités.

 Les échanges avec les experts montrent que le RER implique la création de services multiples et variés.

A nous de lister les initiatives, les expérimentations et les réussites observées sur d’autres territoires pour faire le récit concret de ce réseau express rêvé des mobilités de demain !

 


 

 

 

 Ecouter le podcast Marche Sensible Opus 2 : A l'assaut du RER Métropolitain

 

Synthèse des auditions réalisées

 Revue de presse autour des mobilités et du RER

 Documents et ressources utiles 

 

 

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Il se réunira 4 fois d'ici fin décembre 2023 autour des 4 axes identifiés en faveur d'un RER :

AGILE - ALTRUISTE -  ALTERNATIF - ALPIN

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