Vers un Réseau Express Rêvé des mobilités de demain ?

 

 

Cette page fait suite au bilan intermédiaire du Groupe de Travail « Réseau Express Rêvé des mobilités de demain » de juillet 2023.

 

Elle a pour but de partager les premières pistes de réflexion du C2D pour penser un projet résolument agile, altruiste, alternatif et alpin.

 

 

Les objectifs du groupe et la méthode retenue

Lors d’un Rendez-Vous Agité du C2D (réunion remue-méninges de début de mandat à La Machinerie le 30 mai 2022), les membres du conseil de développement de Grenoble Alpes Métropole ont débattu sur les grands enjeux de la Métropole. La thématique des mobilités s’est imposée dans les thématiques de réflexion à privilégier. Pour resserrer le questionnement, nous avons choisi de sortir des placards un projet de RER lancé dès les années 70 et toujours au point mort malgré sa mention dans le dernier Plan de Déplacement Urbain de la Métropole.

Nous avons d’abord lancé les travaux du groupe en organisant une Marche Sensible le 10 novembre 2022 en fin de journée. En partant de la gare de Grenoble, une dizaine de membres du C2D a rejoint en train successivement les deux gares de St Egrève puis de Jarrie, qui relient le territoire vers le Nord et vers le Sud. Cette expérience d’immersion, réalisée avec le concours d’une graphiste et d’une podcasteuse, a débouché sur un récit avec des sons et des croquis où sont racontés nos impressions et nos étonnements.

Voir en ligne la restitution de la Marche Sensible RER

Courant décembre 2022, le Président de la République a créé la surprise en annonçant le lancement d’un important programme gouvernemental de financement visant à accélérer la création de RER dans les grandes métropoles, dont celle de la région grenobloise. Le groupe a alors décidé de rencontrer des experts pour documenter et éclairer toutes les questions en suspens dans la mise à l’agenda politique du RER. Nous avons réalisé de février à juillet 2023 une série de 11 auditions en visio le jeudi de 12h30 à 13h30 sur le mode de la discussion à bâtons rompus dont vous pouvez retrouver ici une synthèse. Nous avons aussi collecté et mis sur le site des textes sur le RER ainsi que les coupures de presse, nombreuses, qui ont été publiées sur ce sujet dans le quotidien Le Dauphiné Libéré.

Dès le départ, nous avons volontairement élargi les réflexions sur le projet de RER en questionnant de nombreux experts sur le « Réseau Express Rêvé des mobilités de demain ». Avec ce titre, nous faisons l’hypothèse que les défis techniques et financiers considérables du dossier ne seront relevés que s’ils s’accompagnent d’une réflexion prospective plus large sur les bouleversements des imaginaires en présence.

La mobilité est un processus complexe au cœur de la vie des personnes qui vivent, traversent ou visitent la grande région urbaine, et cela bien au-delà du seul périmètre politico-administratif de Grenoble Alpes Métropole. C’est la raison pour laquelle nous avons associé aux auditions les trois conseils de développement voisins (Voironnais, Grésivaudan et Saint Marcellin Vercors Isère), C2D avec lesquels nous travaillons dans le cadre du réseau GREG, ainsi que le Conseil de Développement du Grand Chambéry.

La présente note propose une brève synthèse des premiers résultats qui soulignent l’omniprésence des enjeux de décloisonnement et de transversalité, l’incertitude sur les nouvelles formes de mobilité en formation ainsi que les risques d’exclusion et de rejets touchant une part importante de la population. Nous pointerons en guise d’ouverture exploratoire quatre promesses qui pourraient structurer le travail de rédaction d'un récit (sous une forme écrite, dessinée et audiovisuelle à inventer) que nous allons mener collectivement à l’automne 2023. Enfin, vous trouverez, à la fin de cette page, trois annexes qui résument respectivement les points saillants des 11 auditions, les thématiques qui ont fait les gros titres dans la presse régionale et des éléments bibliographiques.

Des diagnostics spécialisés

Un premier sentiment ressort d’une manière majeure des 11 auditions, quel que soit l’angle de lecture adopté : tous les experts rencontrés soulignent que le projet de RER métropolitain soulève des questionnements sur les mobilités qui sont compliqués à embrasser dans leur totalité. A gros traits, on peut distinguer trois façons d’entrer dans les débats : par la technique, par les usagers et par les territoires. Les sujets sont dépendants bien sûr mais les diagnostics sont souvent argumentés séparément. Le point de vue des spécialistes des déplacements nous informe sur les gares, le matériel roulant, les cars, les deux roues, le câble, l’intermodalité, le bilan carbone, les flux de passagers et de marchandise, ce qui est possible à court terme ou à long terme, la gouvernance publique… Le point de vue usager parle domicile-travail, accès aux équipements culturels, accès à la montagne, coûts de déplacements, qualité des services, liberté de déplacement, démocratie participative… Le point de vue territorial enfin évoque des défis situés sur les bouchons automobiles, les lieux de centralité, les services de proximité, les tensions centre-périphérie, la ruralité, les compétences des collectivités locales… La grande région urbaine regorge d’atouts et de ressources pour que le projet de RER soit l’occasion de penser les mobilités de demain de façon dynamique et innovante mais il apparaît clairement que personne ne parvient pour l’instant à raconter le projet de RER dans toutes ses dimensions et à partir d’un langage commun. Nous faisons ici l’hypothèse que les conseils de développement sont idéalement placés pour agencer et réconcilier les points de vue en mettant des mots partagés sur les défis et les tensions en présence.

Une inconnue et un point d’alerte

La seconde impression qui ressort des témoignages, des articles et des rapports concerne le flottement éprouvé par les experts à imaginer précisément le monde post carbone de demain. Sur quels nouveaux comportements et avec quelles tendances dominantes les habitants vont-ils vivre quand la voiture individuelle ne sera plus l’outil principal de leur mobilité ? Qui seront les gagnants et les perdants du RER, avec quelles fractures, dans quels replis et sur quels enthousiasmes collectifs ? Là aussi, les auditions ouvrent les débats de façon segmentée et disparate. Selon les générations, les professions, les territoires, et même les saisons, l’impact du RER sera différencié. Des constats font cependant consensus aux deux bouts de la chaîne. Il y aura à un bout de la chaîne les hyper-mobiles dont le mode de vie sera entièrement organisé et rythmé par des flux physiques (mais aussi immatériels) de durabilité et de sobriété. A l’autre bout, on trouvera les oubliés et les exclus du système, ceux qui ne seront pas parvenus à se connecter et se mouvoir dans ce monde de la vitesse et de l’éco-responsabilité. Peu de travaux existent à ce jour sur les nouveaux usages des premiers (le télétravail, l’électrique, les deux roues, le covoiturage, le collaboratif…) et on se demande rarement comment le projet de RER pourrait s’orienter pour être à l’écoute des problèmes rencontrés par les seconds. Ces questions en suspens pointent donc une inconnue et une alerte que les quatre conseils de développement pourraient avantageusement éclairer.

Un RER agile, altruiste, alternatif et alpin ?

Pour parvenir à cet éclairage et pour mettre en récit le réseau express rêvé des mobilités de demain, nos débats de l’automne doivent parvenir à énoncer des promesses, débattues collectivement, qui concernent les habitants aux quatre coins du grand territoire des 4 conseils de développement et même au-delà (les massifs du Vercors, de la Chartreuse et des Belledonnes, les connexions avec le Nord Isère, Lyon, Chambéry, la Suisse, l’Italie…). Sur quelles valeurs et avec quels atouts le projet de RER peut-il favoriser une dynamique qui provoque la fierté des personnes qui habitent la région grenobloise et qui suscite aussi l’admiration des visiteurs qui la traversent ? A titre purement exploratoire, on s’inspirera volontiers du portrait de territoire récemment réalisé par Sophie de Paillette pour pointer quatre pistes sur ces atouts à promouvoir.

1- Le RER doit d’abord faire preuve d’agilité en créant des liens, des reconnections et des réconciliations entre les territoires et entre les modes de déplacement.

2- Il doit aussi revendiquer son altruisme, c’est-à-dire sa capacité à afficher sa solidarité et à inventer des complémentarités avec les territoires fragiles et éloignés.

3- Il doit encore être alternatif, c’est-à-dire s’inscrire dans la tradition des innovations et des expérimentations à portée scientifique, humaniste et sociale qui ont caractérisé le développement de la région urbaine depuis un siècle.

4- Enfin il doit être résolument alpin, c’est-à-dire en phase avec un génie des lieux marqué par l’imaginaire de ses sommets exceptionnels, de son patrimoine et son rapport intense à la nature et aux sports de plein air.

 

Nos débats de l’automne pourraient être l’occasion d’un exercice très concret de propositions et d’expérimentations qui orientent le projet sur ces quatre spécificités.

 Les échanges avec les experts montrent que le RER implique la création de services multiples et variés.

A nous de lister les initiatives, les expérimentations et les réussites observées sur d’autres territoires pour faire le récit concret de ce réseau express rêvé des mobilités de demain !

 

 Ecouter le podcast Marche Sensible Opus 2 : A l'assaut du RER Métropolitain

 

Synthèse des points saillants des 11 auditions réalisées de février à juillet 2023

 Liste non exhaustive des controverses parues dans le Dauphiné Libéré autour des questions de mobilités et du RER

 Documents et ressources utiles 

 

 

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Il se réunira 4 fois d'ici fin décembre 2023 autour des 4 axes identifiés en faveur d'un RER :

AGILE - ALTRUISTE -  ALTERNATIF - ALPIN

Toutes les dates sont ici !