Marche Sensible OPUS 9 - Précarité et parcours social dans la ville

Lundi 30 septembre 2024 - Au départ de la gare de Grenoble

 

 

Cette Marche Sensible avait pour but de parcourir l’espace urbain pratiqué par les diverses populations précaires et démunies.

 

 

Retour en texte, images et podcast sur ce parcours collectif, qui permet de bousculer les idées reçues comme d’entrevoir différemment le territoire et ses enjeux d’accueil et de précarité à l’échelle métropolitaine.

 

Le parcours, démarré à la gare de Grenoble, qui est souvent une « porte d’entrée » dans la ville pour les personnes en errance, a ensuite été ponctué par différents arrêts dans ou vers des lieux d’accueils qu’ils soient institutionnels, associatifs ou des espaces publics.

 

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Recoins, kiosque, cantine associative, maison des habitants, parcs et bancs étaient mis en perspective par les témoignages d’Arthur Lhuissier (directeur d’un toit pour tous), de Nicolas Lepers, plus connu sous le nom d’Apache  (chargé de mission, médiateur pair au Groupement des Possibles)  et  de Julien Lévy (chercheur au laboratoire Pacte).

 

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Il y a été également question de la domiciliation, service proposé à toutes personnes démunies d’adresse postale, lors d’un temps d’échange avec Céline Faure, directrice déléguée à l’action sociale et la lutte contre la pauvreté et la précarité au CCAS de Grenoble. Enfin, une partie du groupe a pu découvrir le service des douches municipales avec Nathalie Rubin, cheffe du service santé environnementale de la direction santé publique de la ville de Grenoble.

 

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Que nous dit cette Marche Sensible concernant

la précarité à l'échelle de la métropole ?

 

Cette Marche Sensible du lundi 30 septembre était centrée autour de la question de la précarité, mais dès les premiers échanges avec Arthur, Apache et Julien,  il fut évident qu’il n’existe pas une précarité mais des formes infinies de précarités.

Peu de chose de commun en effet entre un adolescent en rupture de lien avec sa famille, une mère tentant de soustraire ses enfants à un conjoint violent, un individu fuyant un désastre géopolitique ruinant sa vie, un autre évitant la stagnation économique sans issue de son pays en transitant ici avant de tenter sa chance ailleurs.

Certaines destinées individuelles sont installées dans la durée quand d’autres restent transitoires. Certaines résultent de volontés singulières quand d’autres découlent de vicissitudes collectives … Et sur ces aléas multiples se superposent fréquemment une large palette de pathologies - troubles mentaux, handicaps, addictions… qui accompagnent ou sont issues des traumatismes.

La prise en compte de ces souffrances hétérogènes nécessite de l’écoute et du doigté, dans un contexte où les jeux politiques prospèrent sur les récits les plus simplistes et caricaturaux, et où les réseaux mafieux ont eux-aussi tout intérêt à brouiller les cartes.

Cette marche-sensible permettait ainsi de bâtir des contre-récits, celui de collectivités, de collectifs et d’individus s’attachant à apporter du réconfort et de l’aide sous des formes multiples : accompagnement administratifs, logements, repas, douches, consignes à bagages… Cet empilement d’initiatives ne résulte pas d’une incapacité à se coordonner, mais de la nécessité de coller au plus près des besoins de formes si diverses de précarités. Cette prise en charge de proximité permet de lutter contre l’uniformisation des approches administratives dominantes qui amplifie l’anonymat de personnes déjà isolées et déliées de la société. Car si la discrétion est une des conditions de la survie en situation précaire et si ces vies meurtries se protègent en tentant d’être invisibles et silencieuses, il importe de parvenir à les relier de nouveau à la communauté.

C’est cette complexité méthodologique et cette diversité des précarités vécues que les qualités pédagogiques de nos trois accompagnateurs nous ont permis de saisir, au fil de la marche. Car une fois encore, la dynamique des cheminements mentaux s’est révélée fortement activée par le chemin parcouru en commun.

Si le quotidien de la plupart des personnes en situation de précarité s’inscrit plus ou moins dans une spatialité centrée sur la préfecture et un temps uniforme, il demeure nécessaire pour le Conseil de Développement de projeter un futur métropolitain plus satisfaisant que cet empilement de sparadraps mis en œuvre dans l’urgence, et parfaitement nécessaires, mais qui ne forment pas pour autant une perspective.

 

Il nous reste à réinventer un horizon commun où la solidarité n’est pas un gros mot. Ainsi, pourrait-on imaginer que notre métropole implante douches, toilettes, consignes à bagage et bancs publics dans certains lieux stratégiques du bien vivre ensemble. On pense ici à des espaces aussi divers que les bibliothèques, les gares, la MC2… L’idée est de valoriser ces nouveaux services urbains à l’instar des services qui sont proposés aux grands voyageurs. Nous sommes en effet dans une situation paradoxale où les aéroports proposent gratuitement ce type de services aux VIP alors que les villes n’osent plus les proposer aux populations démunies… Ne pourrait-on pas par exemple relancer le projet de création d’un CIAS, avec le I de intercommunal pour affirmer une vocation métropolitaine ? Il aurait pour compétence déléguée par les CCAS d’engager une politique concertée sur les personnes en situation de précarité au-delà du volontarisme propre à chaque commune. Cette question d’une action coordonnée avec des compétences rassemblées et une vision à moyen et long terme pour pouvoir agir plus efficacement auprès des personnes concernées par l’errance nous entraîne sur des défis en matière de gouvernance. Dans cette perspective, il reviendra au conseil de développement de jouer un rôle de médiation pour que la réflexion ne cède pas à la tentation d’un pilotage trop « idéologico-émotionnel » à l’heure où ces questions sociétales apparaissent particulièrement clivantes.

 

 

Merci à Nicolas, (dit Apache), Arthur, Julien, Nathalie et Céline pour leur présence et leurs témoignages,
Merci aux membres du conseil de développement de la métropole de Montpellier, qui, venus, s’inspirer des méthodes du C2D, ont nourri également cette Marche Sensible de leur regard
Merci également à Alice Raconte, pour les dessins, ainsi qu’à Lorine – La Soufleuse pour la restitution podcast !

 

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Pour aller + loin

 

En savoir + sur les recherche de Julien Lévy

En savoir + sur Un toit pour tous Grenoble

En savoir + sur l’association Ozaname

En savoir + sur le CCAS de Grenoble

Découvrir le site Solidarité Grenoble

 

 

 

Lien vers le rapport de la cour des comptes sur la gestion de l'hébergement d'urgence par l’État